Pour le premier opérateur européen de produits déshydratés (luzerne et pulple notamment)  le contexte est compliqué avec une faible récolte, une hausse de l’énergie et une demande qui se maintient.

Publié le 20 octobre 2022 par  Richard CREMONINI dans la Marne Agricole .

« N’ayons pas peur de l’avenir, construisons-le ensemble avec pragmatisme, dans la concertation et la sérénité ». C’est par ces mots que Benoît Lampson a conclu la réunion de Désialis qui s’est tenue le 12 octobre à Paris. Pour le président, le contexte est inédit avec la guerre en Ukraine et une crise énergétique majeure en Europe « qui bouleverse les équilibres économiques de nombreuses filières et met en péril certains secteurs économiques ».

Ressource campagne 2022

La récolte 2022 a été marquée par une sécheresse estivale sévère qui a impacté le rendement moyen (- 9 % par rapport à la moyenne 5 ans). Toutes les coupes ont été inférieures aux années précédentes (hors 2020) c’est donc au final une production fraîche de luzerne très moyenne qui caractérise cette campagne. Plusieurs dizaines de milliers de tonnes de ressource ont été perdues et les stocks, non reconstitués, restent au plus bas.

Quant à la pulpe de betterave, c’est également avec des stocks quasi vides et des cours au plus haut historique que démarre la nouvelle campagne de production.

Transition énergétique

Si l’envolée du coût des énergies reste une préoccupation, les coopératives de déshydratation ont entamé depuis une dizaine d’années leur transition énergétique, d’abord avec le développement du préfanage au champ puis avec la substitution de l’énergie fossile (utilisation divisée par 5 en 10 ans) par de la biomasse (plaquettes forestières).

Ainsi aujourd’hui, la filière luzerne peut s’enorgueillir d’être très avancée sur la décarbonation de son activité de déshydratation, en fonctionnant jusqu’à 85/90 % à la biomasse pour les unités les plus avancées dans la démarche.

Pour les usines de déshydratation qui fonctionnent encore au gaz, l’incertitude et les coûts qui pèsent sur l’approvisionnement, les ont incités à réorienter certains flux de pulpe vers des utilisations en surpressées.

Contexte marché

Les marchés agricoles sont sous tension. Les céréales, notamment le blé, ont atteint des cours historiquement élevés et l’accès aux stocks céréaliers Russe et Ukrainien reste incertain.

Le prix du lait payé aux éleveurs français, s’il s’est fortement renchéri sur cette campagne, reste cependant inférieur à celui payé chez les voisins européens (Allemagne – Hollande 600 €/1000 l). Il ne semble pas suffisant pour couvrir les hausses des charges. Même constat en viande bovine, et au Sommet de l’Élevage la décapitalisation était sur toutes les lèvres.

Le cheptel bovin français est en baisse et la fabrication d’aliment composé pour les ruminants accuse une baisse de 4 % en 2022.

Une situation d’autant plus tendue pour les éleveurs que les stocks fourragers sont bas ou de qualité médiocre et que l’inquiétude s’amplifie face au manque de disponibilités des produits.

« Cet environnement inscrit nos produits déshydratés, pulpe et luzerne, dans un contexte tendu qui valide le maintien de la fermeté des prix », souligne Pierre Bégoc, directeur général.

Et d’ajouter, « plus que jamais la demande porte sur des produits techniques, à valeur ajoutée, pour l’éleveur et pour le planteur. C’est pourquoi nous poursuivons notre stratégie de segmentation avec notamment l’élargissement de notre gamme cheval (en grosses balles, petites balles et pellets) et la création de nouveaux produits (luzerne déstructurée et cossettes de pulpe de betterave), spécifiquement élaborés pour le bien-être animal : cheval, volaille et bientôt porc ».

Le déploiement de la gamme bio se poursuit.

« Dans un contexte marqué par l’incertitude, par une grande fermeté des marchés et des ressources contraintes, nous allons continuer de déployer notre stratégie Europa First, la priorité commerciale sur la zone Europe reste un axe majeur de notre développement », conclut Pierre Bégoc. L’export premium sera maintenu sur les marchés porteurs.

Paru le 21 octobre 2022 dans la Marne Agricole (version papier).